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Masakatsu Bô Jutsu

L'art du bâton de la vraie victoire

 

 

La place de la pratique des armes dans l’aïkido reste toujours un sujet pouvant soulever en fonction du contexte de vives passions, voire plus...

 

Et, si certains sont d'ardents défenseurs de cette patique qu'ils tiennent pour partie intégrante de leur entraînement, d’autres au contraire semble tenir pour acquis que seule la pratique à mains nues doit être l’unique composant de l’aïkido.

 

Enfin, ils en est qui - tout en admettant que la pratique des armes puissent apporter une meilleure compréhension de la dynamique logique de la technique - aborde de cet aspect sans qu'il soit pour autant prédominant dans leur entraînement.

 

O senseï à Hawaï avec Tamura senseï comme partenaire

 

La pratique régulère du Bô dans le "Keïko" d'Hikitsuchi senseï (1923-2004) réponds pour ma part de façon conséquente à cette question cruciale et fait partie incontestablement de la richesse de l'Aïkido.

 

 

Hikitsuchi senseï fit la connaissance de O senseï alors qu’il avait à peine dix ans mais ce n’est qu’au lendemain de la guerre qu’il devint véritablement son élève.

 

Outre la pratique du sabre inspiré de celui de Ô Senseï, connu sous le nom Shochikubai no ken, Hikitsuchi senseï avait en sa possession un makimono - rouleau présenté en haut de page - délivré par O senseï en 1957 et qui contenait un enseignement à propos du Bojutsu, nommé Bojutsu Masakatsu, "l’Art du bâton de la vraie victoire".

 

Traditionnellement, dans les Koryu de Bujutsu, le makimono qui se présente sous la forme d’un long parchemin enroulé sur lui-même servait à transmettre un savoir, il tenait lieu à la fois de diplôme et aussi d’aide-mémoire pour la personne correctement formée.

 

Le texte écrit de la main de O senseï est accompagné de dessins représentant ce dernier dans les différentes phases d’un kata de Bojutsu. Le texte est cependant assez ésotérique, et si on rajoute à cela, l’écriture manuscrite, la compréhension s’avère assez compliqué même pour un japonais.

 

Á l'évidence s'il parait pratiquement impossible d’apprendre une technique quelconque en s’aidant uniquement d’un livre de nos jours, on est forcé d'admettre que le makimono d’une école n’a que peu d’utilité pour un adepte non initié à la pratique de cette même école.

 

Hikitsuchi Michio - Parer  la coupe du sabre vers l'avant

 

Pour avoir eu la chance de suivre cet enseignement du vivant d'Hikitsuchi senseï et de l'avoir poursuivi ensuite pendant de longues années auprès de mon Senseï Gérard Blaize (5ème dan de Masakatsu BÔ Jutsu) dépositaire de la continuité de cet art, je pense que la répétition de la transmission de la forme (Kata) contient les ingrédients d'une richesse sans fin qui ne cesse de se dévoiler au fur et à mesure de la compréhension et de l'intégration des principes qui régissent le maniement fluide du Bô révélant la capacité du corps à se mouvoir sans aucune tension dans toutes les directions en respectant scrupuleusement la précision du geste malgré la présence de l'arme.

 

O senseï à Iwama utilisant le Bo, son partenaire est Saito senseï

 

Explicatif du Kakimono de Masakatsu Bô Jutsu

 

Il est extrêmement difficile de réaliser une traduction des instructions accompagnant les dessins, le texte est manuscrit, réalisé avec un pinceau, et même pour un japonais, le sens des phrases est bien souvent difficile à appréhender. Je me contenterai donc de partager ce document en rappelant que l’ordre de lecture est de la droite vers la gauche.

 

Le début du Makimono est intitulé « Rouleau de la vraie victoire » (Masakatsu no maki)

 

Pour vous donner une idée, dans la première instruction il est dit :

« Avec la posture (kamae) d’amour de la Grande Terre, balayez la jambe avancée du partenaire »

 

 

Mouvements 1, 2 et 3

 

 

Mouvements 2, 3, 4, 5, 6, 7(partiel)

 

 

Mouvements 2, 3, 4, 5, 6, 7(partiel)

 

 

Mouvements 7(partiel), 8, 9, 10, 11, 12

 

 

Mouvements 10 (partiel), 11, 12, 13, 14, 15 (partiel)

 

 

Mouvements 15, 16, 17, 18

 

 

La fin du rouleau stipule Bo-jutsu Masakatsu Okui Soden. Le diplôme est signé par Maître Ueshiba Morihei et attribué à Hikitsuchi Michio Showa 32 (1957).